À propos des benzodiazépines

Ces médicaments coupent les symptômes anxieux comme un antitussif genre codéine coupe la toux. S’il est clair pour vous que la codéine n’est d’aucune utilité sur ce qui cause la toux, vous comprenez aisément qu’une benzodiazépine n’est d’aucune utilité pour régler ce qui cause l’état anxieux.

Il faut donc, en parallèle avec toute prise de benzo, s’occuper de la — ou des — cause(s) de l’état anxieux. Et cela doit être fait le plus rapidement possible, car une course contre la montre est entamée, dès la prise de n’importe quelle benzodiazépine. Voici l’histoire naturelle de toute prise de benzo :

  1. Un phénomène d’accoutumance se met en place. Cela signifie qu’il faut régulièrement augmenter la dose pour obtenir le même effet. L’efficacité de n’importe quelle dose diminue avec le temps. Cela ne se fait pas sur des années, mais sur des semaines. Au bout d’environ 4 à 6 semaines d’une certaine dose, cette dose devient de moins en moins efficace. Il va donc falloir l’augmenter pour obtenir le même effet sur le cerveau. C’est la même chose avec l’alcool ou les épices telles que le poivre ou le piment. C’est pourquoi telle dose d’épice qui paraît forte à celui qui n’en prend jamais est absolument fade pour celui qui a l’habitude d’en prendre beaucoup.
  2. Cette augmentation de la dose ne peut pas se faire à l’infini ; il y a une dose limite que l’on ne peut pas dépasser, car des effets secondaires ont de plus en plus de risque d’apparaître, jusqu’à être inéluctables, à un moment donné :
    • maux de tête ;
    • vertiges ;
    • sécheresse de la bouche ;
    • troubles digestifs — maux de ventre, diarrhée, constipation ;
    • surcharge des reins et du foie ; au pire, insuffisance rénale ou hépatique ;
    • troubles du sommeil, allant jusqu’à des insomnies gravissimes ;
    • troubles sexuels ;
    • ainsi de suite.
  3. À un certain moment, ces médicaments ont même tendance à causer eux-mêmes les symptômes qu’ils sont censés combattre. Tout comme certains médicaments antimigraineux finissent, en utilisation chronique, par provoquer des céphalées, les benzodiazépines finissent par causer elles-mêmes des symptômes d’angoisse et de l’insomnie.
  4. Plus on est monté dans les doses de benzos, plus la prise a duré dans le temps, plus il est difficile d’arrêter d’en prendre. C’est cela qu’on appelle une dépendance : sitôt que l’on suspend la prise, des symptômes réapparaissent, qui sont calmés par une nouvelle prise de médicament. C’est le phénomène du manque, qui est le même dans toutes les dépendances.
  5. Plus on est allé loin dans l’accoutumance et dans la dépendance, plus il est difficile de revenir en arrière.

C’est pourquoi il y a une course contre la montre : il faut parvenir à régler la source des symptômes anxieux avant que la dépendance ne se soit installée et avant l’apparition des effets secondaires inévitables. C’est pourquoi il faut absolument faire un travail sur soi pour déraciner l’angoisse, et le plus vite possible. Faute de quoi, si la personne se met à prendre des benzodiazépines, une addiction se mettra en place, inéluctablement, avec tout un cortège de problèmes supplémentaires. Non seulement les symptômes de départ — que ce soit de l’angoisse ou de l’insomnie — n’auront pas été atténués, mais ils auront même été aggravés!

le 25 février 2022