Flux de travail pour l’écriture
Introduction
Je viens d’envoyer à mon éditeur le manuscript d’un livre. Avant de venir à bout de cette tâche, j’ai testé plusieurs outils et je me suis livré à quelques recherches, afin que le travail soit le plus agréable et le plus fluide possible. C’est le résultat de cette expérience que je livre ici. Notamment, je voudrais faire part de mon enthousiasme pour une idée merveilleuse, qui change véritablement la vie de la plupart des personnes qui doivent écrire plus que quelques lignes, de façon régulière — appelons les auteurs ou les écrivains. Cette idée, c’est celle de la synthaxe Markdown. Je vous parlerai aussi de l’un de ces avatars le MultiMarkdown. Dans ma recherche du «meilleur outil» pour écrire, je me suis aperçu qu’il fallait tenir compte de la longueur, ainsi que de l’aspect plus ou moins structuré du texte envisagé. Un peu comme le moyen de transport idéal n’est pas forcément le même pour un trajet de 2 , de 20 ou de 500 kilomètres. Voici les trois catégories — arbitraires — de textes que j’ai systématisées:
- Les fiches:
- Une petite note rapide.
- Une idée, une réflexion, une citation.
- Un aide-mémoire, une astuce.
- Les articles:
- Pour un blog.
- Pour un journal, un magazine.
- Les textes longs:
- Un article plus conséquent.
- Un livre avec des chapitres.
Le problème de l’échange des données
Un «workflow» — flux de travail, en français —, c’est une succession d’étapes de travail, dans une ou plusieurs applications différentes. Ce qui sous-entend que le texte devra être transporté d’une application à l’autre. Quel format employer? Si vous avez déjà souffert avec des problèmes de conversion — la mise en page qui se casse la figure, les lignes trops serrées ou trop écartées, les fontes qui deviennent fantaisistes, les lettres accentuées qui changent… —, vous allez apprécier la solution moderne que je vais présenter. On avance en direction de la solution de ce casse-tête, lorsqu’on réalise que l’on peut distinguer, intellectuellement et pratiquement, la forme et le fond. Écrire un texte, c’est assembler des mots, les mettre les uns à la suite des autres, pour constituer des phrases et des paragraphes. C’est le fond. C’est ce dont s’occupe l’auteur du texte. Pour cet aspect-là, peu importent les marges du document, l’interlignage ou la fonte. Tout ce qui compte, c’est que ce soit agréable à l’œil de celui qui écrit. Les marges, l’interlignage, les caractères, en d’autres termes l’apparence du texte final, tout cela constitue la forme. L’auteur ne doit pas avoir à s’en préoccuper. D’autant moins que cette apparence est appelée à varier énormément selon que le texte sera lu sur un téléphone mobile, sur un écran d’ordinateur, dans un journal ou dans un livre. Même pour une page web, l’apparence n’est pas fixée une fois pour toutes par le graphiste. La feuille de style utilisée pour le site peut être changée à tout moment. Même le lecteur peut modifier l’apparence du texte en le transférant dans une «liseuse électronique», sur un iPad, par exemple. Voilà pourquoi, aujourd’hui, en 2011, la seule chose qui doit concerner l’auteur d’un texte, c’est le texte, plus quelques enrichissements qui font partie intégrante du message écrit:
- le gras et l’italique;
- les listes à puce ou numérotées — telles celle-ci;
- la structure du texte, indiquée par les niveaux de titres dans une hiérarchie;
- des notes — de bas de page, ou qui iront tout à la fin;
- des références à d’autres documents — notamment des URL.
Et c’est à peu près tout! La question du format de texte devient: «quel est le format qui permet de transporter du texte d’un programme à l’autre, d’un ordinateur à l’autre, indépendamment du système d’exploitation et d’une manière 100% fiable?» Réponse: le texte pur! C’est-à-dire juste la succession des caractères qui constituent les mots et les phrases. En 2011, il existe une convention sur le codage informatique des caractères qui permet de s’affranchir totalement des problèmes de conversion que l’on avait jusque dans les années 1990. C’est le codage défini par le Consortium Unicode . Peu importent les détails techniques, tout ce qu’il nous intéresse de savoir, c’est que tant que l’on sauve son texte en utilisant l’encodage UTF–8, on n’aura aucun problème de transcription en passant d’un Mac à un PC ou même à un ordinateur sous Linux, et ce, dans n’importe quelle direction! «Oui, mais les enrichissements?» me direz-vous. C’est là qu’intervient une solution très astucieuse: le Markdown et son extension la plus évoluée, le MultiMarkdown. L’astuce, proposée par John Gruber consiste à mettre, dans le texte pur, des codes très simples qui seront, le moment venu, interprétés par un programme et traduits en gras, italique, titres, puces et ainsi de suite. John Gruber a proposé une syntaxe tellement élégante qu’elle a été vite adoptée et est devenue un standard. C’est pourquoi on peut dire «écrire en Markdown». Il manque à la syntaxe originale de John Gruber deux ou trois choses très utiles C’est pourquoi des auteurs ont proposé différentes extensions de cette syntaxe. La plus accomplie, je pense, est le MultiMarkdown de Fletcher Penney. Le MultiMarkdown ajoute notamment: les tableaux, les notes de bas de page, ainsi que la possibilité de mettre des métadonnées dans le document lui-même, tout en écrivant en «texte pur», ce qui est toujours le but recherché.
Démonstration de MultiMarkdown
Quelques illustrations valant mieux qu’un long discours, voici une démonstration visuelle de ce que permet le MultiMarkdown. Soit un texte «pur», vu dans un éditeur «basique» (WriteRoom):
Vous constatez que le texte est très lisible, même sans enjolivures, et que vous pouvez déjà vous faire une idée de sa structure. Voici ce que cela donne, en mode «prévisualisation», dans un autre éditeur (ByWord), qui est justement prévu pour basculer entre un mode «édition» et une prévisualisation:
Impressionnant, n’est-ce pas? Vous conviendrez qu’une simple page comme celle-ci, avec les indentations correctes des puces et des paragraphes de continuation des puces, cela demande pas mal d’effort et de virtuosité, dans n’importe quel traitement de texte! Et en RTF, on n’en parle même pas! Continuons la démonstration. Cette fois, le texte pur, vu en mode «plein écran», dans WriteRoom:
On peut configurer à l’envi les couleurs, la fonte, la taille des caractères, l’interligne… C’est pourquoi je parle de confort de travail: chacun peut se constituer un environnement à son style et à ses goûts. Remarquez l’aspect «distraction free» (à l’écart des distractions) du résultat: juste l’écrivain, son clavier, son texte. C’est-y-pas-beau, ça? En plus, c’est très tendance, comme on dit aujourd’hui! Un peu plus loin dans la zénitude et dans l’esthétique, voici le mode d’édition de ByWord:
Vous remarquez que les caractères «balises» de la syntaxe sont estompés et que les titres sont mis en évidences. Cela améliore beaucoup la lisibilité et le confort général. Pourtant, on écrit toujours du «texte pur»; c’est le logiciel qui s’occupe d’afficher avec subtilité ce que l’on vient d’écrire! Suite de la démonstration: cette fois, le texte est devenu — par «copier–coller» — une fiche dans le logiciel nvALT qui sert justement à collectionner des fiches, tout en permettant de les retrouver extrêmement rapidement:
Toujours du texte pur! nvALT possède, lui, une fenêtre de prévisualisation qui est mise à jour au fur et à mesure que vous éditez le texte de la fiche:
Notez que le style du texte est déterminé par une feuille de style «CSS»; vous pouvez donc modifier comme il vous semble l’apparence de cette fenêtre. Dans l’exemple ci-dessus, j’ai appliqué quelques modifications de mon cru — le «tout noir» du style par défaut ne me plaisant pas trop! En bas de la fenêtre de prévisualisation, vous voyez quelques boutons: celui qui est tout à droite permet de sauver le code HTML généré! Brillant, n’est-ce pas? Je continue la démonstration. Si je sauve mon «texte pur» dans ma Dropbox, je peux le voir, évidemment, sur mon iPad. Voici ce que cela donne, directement dans l’application Dropbox sur l’iPad (c’est une copie d’écran):
C’est déjà une belle démonstration de la portabilité du texte pur. Mais est-ce que ça ne serait pas encore mieux, si on pouvait éditer le texte indiféremment sur l’iPad — lorsqu’on est en déplacement — ou sur son MacBook Air ou sur son Mac de bureau — quelqu’un en utiliserait-il encore…? Évidemment, c’est possible! Voici LE logiciel génial… roulement de tambour… tariii taraaa…: Trunk notes ! Trunk notes, comme nvALT mais mille fois mieux, gère des fiches. Lorsque j’édite ma fiche, cela donne ceci:
Un éditeur de texte standard. Mais comme vous l’avez compris maintenant, on n’a pas besoin de plus! Du moment qu’on écrit en Markdown… Dès que j’appuie sur le bouton [Save], en haut à droite de l’écran — ce qui valide ma saisie, vous vous en êtes bien douté — j’obtiens ceci:
Une belle fiche, bien stylée, avec de la belle typographie! Entre parenthèses: je me suis, là aussi, amusé à changer les couleurs, via une fiche CSS, pour mettre de la couleur là où c’était tout noir. Ce n’est pas si difficile (je ne suis pas graphiste, ni informaticien). Voici ce que cela donne en tenant son iPad en mode «Portrait»:
Vous avez peut-être remarqué que la note de bas de page n’est pas correctement rendue. C’est parce que Trunk Notes, pour le moment, n’interprète pas dans son intégralité toute la syntaxe MultiMarkdown lorsqu’il affiche les documents. Pour moi, ce n’est pas si grave: il rend parfaitement le MarkDown et le texte non affiché n’est pas perdu puisque c’est la version «texte pur» qui est sauvegardée. J’ai bon espoir qu’un jour, le développeur de Trunk Notes aura intégré la syntaxe MultiMarkdown au complet. Je reparlerai de Trunk Notes plus loin. Je voudrais maintenant revenir à mon sujet principal, le flux d’écriture. Vous aurez compris qu’à partir du moment où l’on peut se contenter d’écrire le résultat de ses cogitations en texte pur, la question n’est plus de trouver le «meilleur traitement de texte», mais plutôt le «meilleur éditeur de texte»! Ce que j’apprécie le plus, lorsque je compose du texte — comme en écrivant ce billet, par exemple — c’est la réactivité, la légèreté, du logiciel dont je me sers. Je sais que je ne suis pas le seul, d’ailleurs… Lorsque vous utilisez des mastodontes tels que Word ou Pages, vous avez l’impression de manœuvrer quelque chose de lourd, que ce soit au lancement de l’application, lorsque vous ouvrez ou sauvez un document, ou même à la frappe. Sans parler du défilement dans la fenêtre, lorsque votre texte devient un peu conséquent. Tandis qu’avec un «vrai» éditeur de texte, tout est léger, rapide, immédiat. Que du bonheur! Je ne parle même pas de toute la surface d’écran qui est «mangée» par l’accumulation des palettes, les barres de formatage, etc. qui ne vous servent à rien pour composer votre texte, mais qui n’arrêtent pas de vous sauter à la figure, dans les traitements de texte habituels. Tandis que dans un éditeur, rien de tout cela: tout est net, clair, dégagé. Le pire, si j’ose dire, c’est que vous pouvez quand même faire tout le formatage nécessaire! Merci John Gruber pour le Markdown, merci Fletcher Penney pour le MultiMarkdown. Alors, quel est le meilleur éditeur de texte? Évidemment, la réponse dépend du goût de chacun! D’autre part, comme je le disais plus haut, la réponse est fonction de la longueur du texte que vous avez à composer.
Fiches
Sur un Macintosh, il existe plusieurs gestionnaires de fiches, qui vont de «très correct» à «super génial». Quel qualificatif appliquer à quel logiciel?… c’est là que, justement, c’est une question de goût et que nous ne serons pas tous d’accord. Alors je vous offre un petit tour d’horizon d’une sélection de l’offre existant aujourd’hui, avec quelques commentaires personnels. Les logiciels dont je vais parler ont pratiquement tous une période d’essai, généralement un mois. Largement de quoi les tester et vous faire votre idée à vous. [1]
nvALT
Il été pendant longtemps mon préféré, pour les notes assez courtes. C’est une variante de Notational Velocity, ci-dessous. Son développeur utilise le même code de base — qui est public — et y ajoute la prévisualisation du MultiMarkdown. C’est cela qui le rend incontournable, à mon avis. On peut aussi écrire ses fiches en RTF, mais cela n’a aucun intérêt, si vous me suivez dans mon argumentation en faveur du MultiMarkdown. C’est l’exemple même du logiciel rapide et élégant. Interface minimaliste, mais efficace. Je n’ai jamais eu 10’000 fiches, mais je peux témoigner que parmi 1’000 fiches la recherche est instantanée! Je l’ai aujourd’hui abandonné en faveur de Trunk Notes, mais je continue à l’utiliser comme PostIt électronique: [Ctrl–Shift–N] et il est là; je saisis ma note; [Cmd–Q] et il a disparu. Pour synchroniser les notes sur plusieurs machines, ce qui est très pratique, surtout s’agissant de PostIts, deux solutions: * Placer la base avec les notes — ou le répertoire avec les notes — dans sa Dropbox. Il faut juste faire attention à ne pas l’ouvrir en même temps sur deux machines. Cela fonctionne à 100% et c’est super-rapide. * Synchroniser avec un compte SimpleNote. Avantages: les notes deviennent accessibles, via le logiciel SimpleNote, sur toutes les plateformes (MacOS, Windows, Linux, iPad, iPhone, Android…) et même sur le web, via n’importe quel navigateur. De plus, on peut associer des “Tags” aux notes, qui se synchronisent avec SimpleNote. Inconvénient: Plus on a de fiches, plus la synchronisation est lente; jusqu’au point où cela ralentit la sortie de nvALT (il synchronise avant de quitter complètement). Quand je dis «lent», je parle de plus d’une minute. * Dernier point: c’est un Donationware — contributiel, si vous préférez.
Notational Velocity
Même si c’est le «produit original», je le vois aujourd’hui comme «nvALT sans prévisualisation du MultiMarkdown» — ce qui en limite l’intérêt — et sans les tags. Sinon, tout ce que j’ai dit sur nvALT est valable pour Notational Velocity — pas étonnant, puisque c’est le même code-source!
SimpleNote
Déjà cité. L’idée d’un compte en ligne [2] peut plaire ou déplaire. Il y a des avantages et des inconvénients. À vous de voir, selon votre politique et vos goûts. Ce que j’ai noté, au chapitre des inconvénients, c’est la lenteur — parfois extrême: plusieurs minutes — de la synchronisation. Au point que, en déplacement, j’ai parfois eu des doutes, sur l‘iPhone ou sur l’iPad qu’elle se soit effectivement faite correctement. Comme il n’y a aucune confirmation de la synchro, ni avertissement lorsqu’elle n’a pas pu se faire correctement, c’est bien embêtant. Autre qualité de SimpleNote: dans l’interface web, il y a la possibilité de prévisualiser ses fiches en MarkDown. Comme avec Trunk Notes, mais moins élégamment. Et puis, avec des fiches plus longues qu’un écran, j’ai parfois perdu les ascenseurs de défilement… très fâcheux! Alors je l’ai abandonné pour Trunk Notes, tellement fabuleux!
Trunk Notes
C’est un programme qui tourne sur iPad et sur iPhone. Si vous avez un iPad, je dirais qu’il est incontournable pour la gestion de fiches. Ses qualités, en vrac et en résumé:
- Non seulement il stocke des fiches, mais en plus, c’est un vrai Wiki personnel: dans le texte d’une fiche, on peut écrire des liens qui renvoient à d’autres fiches de Trunk Notes.
- Par la syntaxe MarkDown, on peut aussi écrire des liens qui ouvrent des pages web.
- Il dispose d’une syntaxe MarkDown étendue: on peut notamment très facilement réaliser des tableaux.
- Il est capable d’exporter le code HTML d’une fiche.
- On peut synchroniser toutes les fiches avec un répertoire sur sa Dropbox. Dans le répertoire choisi, chaque fiche est un fichier “.markdown”, en texte pur, UTF–8, qui peut être édité par n’importe quel éditeur de texte!
- La synchronisation, typiquement, prend quelques secondes. Comme c’est du texte pur qui transite, cela ne fait que quelques KB, voire MB → aucun souçi avec votre forfait téléphonique!
- Il est capable de se comporter en «serveur web». En 2 clics (= coups de doigt sur l’écran), il est instantanément opérationnel, connecté à votre réseau WiFi. Vous pouvez alors consulter et éditer (!) vos fiches à l’aide d’un navigateur internet. C’est facile et très rapide. Ce qui permet de faire du copier-coller sur l’ordinateur, entre vos fiches et le reste de votre travail.
- On peut crypter individuellement l’une ou l’autre fiche.
- À chaque fiche, on peut associer des «tags» — voir mes copies d’écran, ci-dessus.
- Il existe des codes pour afficher du contenu dynamique dans les fiches. Par exemple, un «tag cloud» de tous les tags utilisés dans le wiki.
- On peut mettre des images et des enregistrements sonores dans les fiches — je ne l’ai pas testé, n’en ayant pas (pas encore?) utilité.
- Il ne coûte que 4 francs! Et pour ces 4 francs, vous pouvez installer le même programme sur votre iPhone et sur votre iPad. Avec un compte Dropbox, vous synchronisez les fiches entre les deux appareils, sans aucun problème et très rapidement (généralement, quelques secondes. Rarement plus de quinze.)
Autres
Une petite liste, certainement non exhaustive d’autres applications qui gèrent des fiches. Sans MarkDown, elles ont perdu beaucoup de leur intérêt, à mon humble avis. Pourquoi se casser à écrire en RTF? Essayez donc de composer en RTF une fiche avec deux niveaux de titres, et essayez de maintenir la cohérence visuelle entre toutes vos fiches… bonne chance! Et puis, lorsque vous aurez envie ou besoin d’aller vers un blog avec du HTML… bonjour! Vous pouvez tout recommencer.
DEVONthink ®
DEVONthink gère admirablement des documents de toutes sortes. Il n’a pas son pareil pour jongler avec les signets — avec son navigateur intégré — les TXT, les RTF, les PDF, les images, les vidéos, les fichiers de Pages, de Numbers, etc. Il utilise la technologie QuickView pour prévisualiser tout ce que vous voulez. Il gère les «Tags», etc. Recherche hyper-rapide, même à travers des miliers de documents. En bref, je l’adore! Mais si vous prévoyez de l’utiliser juste pour gérer des fiches, il vous paraîtra un peu lourd, en comparaison des autres cités plus haut, même si vous prenez sa version la plus «light», DEVONthink notes. Dernier point: il existe une version pour iPad et iPhone (appelée DEVONthink To Go), mais il faut plutôt la considérer comme un outil de consultation des documents que vous aurez synchronisés. C’est sympa, mais sans la possibilité d’entrer ne serait-ce que du texte sur l’iPad… je préfère considérer que, pour le moment, il s’agit d’un projet en cours de développement.
EverNote
Il a ses fans! Il est disponible sur toutes les plateformes. Les MAIS, pour moi:
- mais… il n’affiche pas le MarkDown;
- mais… je trouve la version «en local» (standalone) beaucoup trop lourde et pas pratique, si c’est juste pour gérer des fiches de texte;
- mais… il ne propose pas de contenu dynamique.En bref, il n’arrive pas à la cheville de Trunk notes, en terme d’élégance, de rapidité et de souplesse, du moins tant que l’on ne parle que de gérer du texte.
Eagle Filer
Together
Soho Notes
Yojimbo
Tous des gestionnaires de documents. Il en existe bien d’autres. On peut leur faire les même reproches qu’à DEVON think ou EverNote: très intéressants pour gérer toutes sortes de documents, mais pas adaptés, simplement pour du texte. Ils n’ont aucun pendant sur iPad ou iPhone. Et surtout, ce qui est impardonnable, ils n’affichent pas le Markdown.
Conclusion
Après avoir testé beaucoup de solutions — au fil des années! — j’en suis arrivé à ceci:
- Trunk Notes sur mon iPad et mon iPhone. L’iPhone est mal pratique pour entrer du texte, mais en consultation, c’est OK.
- Je saisis le texte de mes fiches indifféremment sur l’iPad ou sur un autre ordinateur, en mode WiFi.
- À l’occasion, j’utilise encore nvALT — couplé avec un compte SimpleNote — pour une version électronique des PostIts: les mémos de 4–5 lignes au maximum, dont j’ai besoin dans les jours qui viennent.
- J’utilise DEVONthink Pro Office pour la gestion générale de tous mes autres documents.
- Astuce, pour ceux qui connaissent un peu DEVONthink: j’ai créé une base qui référence le dossier dans lequel se trouvent les fiches de Trunk Notes. Ainsi, je peux consulter, éditer et même créer des fiches, le tout étant synchronisé en bi-directionnel avec l’iPad!
Articles
Abordons maintenant la question des articles, c’est-à-dire des textes plus longs qu’une fiche. C’est là, entre autres, que toute l’élégance du MarkDown/MultiMarkdown se révèle: vous pouvez utiliser n’importe quel éditeur de texte que vous connaissez, que vous appréciez — que par conséquent vous maîtrisez — et qui soit suffisamment rapide:
- TextEdit — mais oui, pourquoi pas?
- Nisus Writer — Express ou Pro, peu importe, ils sont tous les deux très rapides. Mais la version Express suffit largement à écrire du texte pur, ainsi que pour l’usage dont nous parlons en ce moment.
- Mellel
- Bean
- etc.La liste est encore longue… Cependant, il y a deux incontournables que je vous suggère de considérer.
OmniOutliner
Comme son nom l’indique, c’est un «gestionnaire de plan». Il n’a pas son pareil pour capturer des pensées qui fusent et pour les catégoriser, les hiérarchiser, les organiser. Il est rapide — très rapide, même —, léger, élégant… Tout ce qui manque à Word et même à Pages. [3] En fait, je n’ai pas vraiment à en faire l’apologie, car il jouit déjà d’une reconnaissance universelle. Ce qui n’est pas connu, c’est qu’il existe un module d’exportation à installer dans OmniOutliner Pro, écrit par Fletcher Penney qui permet de sortir en MarkDown le document que l’on a composé. Ses capacités:
- Tout ce qui est dans l’arborescence — les «titres» — est converti en titres et sous-titres (H1, H2, etc.)
- On écrit le texte proprement dit dans ce qu’OmniOutliner appelle les notes.
- On peut indiquer dans une branche «Meta Data» les métadonnées qui seront correctement reportées dans le fichier d’exportation.
- Une métadonnée intéressante, c’est «Base Header Level»: très utile au blogueur, elle permet de définir que le niveau de titre sera H2 ou H3, au lieu du H1.
Moyennant quelques ajustement de la feuille de style, on a un environnement d’écriture extrêmement convivial, élégant et pratique. Comme c’est l’outil que j’ai utilisé pour le présent billet, voici une copie d’écran, pour vous donner une idée:
NB: Si l’écriture vous paraît grosse, c’est que je l’ai adaptée à l’écran du MacBook Air 11″, qui est LA machine à écrire portative par excellence, à mon humble avis. OmniOutliner me paraît l’outil idéal pour écrire des documents de quelques pages, structurés en sous-chapitres, avec des intertitres, etc.
ByWord
Il s’agit d’un éditeur tout récent. Il est de la lignée des éditeurs «minimalistes», qui visent à vous donner un environnement d’écriture, rapide, léger, agréable à l’œil, plein écran — c’est-à-dire «sans distractions». Dans cette lignée, je peux citer encore WriteRoom et OmmWriter. Mais les développeurs de ByWord ont poussé l’élégance jusqu’à intégrer la mise en évidence syntaxique du MultiMarkdown, comme je l’ai montré plus haut, ainsi que la prévisualisation, d’une seule pression de touche. Puis il permet d’exporter directement le HTML généré, ou de le copier dans le presse-papier; vous n’avez plus qu’à le coller là où il est attendu! Vous pouvez également exporter en RTF, en PDF, en Word,… et en LaTex, pour les fans de ce système! En fait, pour ces «tours-de-force», ByWord utilise le module MultiMarkdown de Fletcher Penney lui-même. Ce qui est un gage de qualité et d’évolutivité. ByWord a aussi l’élégance d’offrir les raccourcis claviers habituels pour mettre en italique ou en gras: il insère alors la ou les astérisques et replace le curseur en centre. Si quelque chose est sélectionné, il met correctement les astérisques aux deux extrémités de la sélection. Comme c’est pratique!
Textes longs
J’appelle «textes longs» les documents qui dépassent plusieurs pages et qui doivent être structurés. Lorsqu’il s’agit simplement d’un chapitre avec des intertitres, un seul article ou un billet de blog, OmniOutliner suffit largement et est très agréable à utiliser. Mais si vous voulez composer un livre, avec plusieurs chapitres, alors, à mon humble avis, le «meilleur» choix, c’est Scrivener! L’histoire de Scrivener est intéressante. Il s’agit d’un homme — pas spécialement versé dans la programmation — qui voulait écrire un livre. Il se disait qu’au XXIème siècle, il devait exister un programme pour ce genre de projet. Il en existait bel et bien. Mais, les ayant tous testés, il en arrive à la conclusion qu’aucun ne répond vraiment à ses attentes… et que s’il veut l’outil de ses rêves, il devra le fabriquer lui-même. Ce qu’il fit. Ce doit être un homme assez intelligent, car ce qu’il a fabriqué, ce fut d’emblée un produit indiscutable, très vite adopté par de nombreux écrivains, dans tous les domaines. Il a écouté les critiques et les suggestions, il a lui-même utilisé son produit et, après 2 ans de labeur et de mise au point, il a sorti une version 2 de Scrivener, qui est plus fabuleux et plus incontournable que jamais. Il a aujoud’hui une base d’utilisateurs de plusieurs dizaines milliers d’écrivains de tous bords: romanciers, nouvellistes, journalistes, scénaristes, blogueurs, universitaires… pourquoi pas vous? Comme mon idée, en écrivant ce papier, n’est pas de proposer une introduction à Scrivener, je vous donne un simple aperçu de ses capacités et qualités.
- Son interface est d’une très grande richesse. Elle permet d’organiser et de réorganiser, en arborescence, à l’infini, des bouts de textes qui vont de 0 (zéro) à des dizaines de milliers de caractères.
- Un bout de texte de zéro caractère, c’est, par exemple, une fiche qui contiendrait simplement un résumé, un synopsis, des indications sur la scène, les personnages, etc. Chaque texte est une fiche, chaque fiche est un texte. Le résumé est une métadonnée, c’est pourquoi le texte de la fiche peut être vide, en attendant que vous ne l’écriviez.
- Il est d’emblée prévu pour gérer les métadonnées utiles à toutes catégories d’écrivains: synopsis, état d’avancement, labels de couleur, documents associés avec des liens internet, commentaires (distincts des notes).
- Une gestion des versions successives, à la demande, de chaque document. On peut «prendre une photo» du texte, à n’importe quel moment; comparer la version actuelle à n’importe quelle version antérieure; revenir à n’importe quelle version antérieure. Tout cela, j’insiste, fiche par fiche, pas globalement pour tout le projet d’écriture!
- Un outline (= plan) intégré qui permet, à tout moment, de réorganiser son projet. C’est si souple qu’à n’importe quel moment un document peut devenir un conteneur et vice-versa.
- On peut se concentrer sur l’écriture, rien que l’écriture. La compilation du manuscrit — pour l’éditeur ou pour la relecture par soi-même ou par les amis — se fait dans une étape en soi. On peut le faire n’importe quand.
- La souplesse de l’étape de compilation est proprement incroyable: on peut choisir les documents à inclure et ceux à ignorer par des cases à cocher ou par des critères. Par ex. un auteur de scénario peut sortir, bout à bout, «toutes les scènes qui comportent tel personnage et qui se passent à tel endroit».
- Il offre un mode «plein écran» qui n’a rien à envier à celui des produits minimalistes qui n’offrent que cela comme argument de vente, genre WriteRoom.
- On peut partager la fenêtre verticalement ou horizontalement et afficher deux parties distinctes du même projet. Très utile lorsqu’on veut comparer deux endroits de son ouvrage, ou bien avoir son texte d’un côté, de l’autre un document de référence.
- Les documents sont sauvegardés en RTF. Mais, beauté suprême, la gesion du MultiMarkdown est prévue. Lors de la compilation, les niveaux 1, 2…n de l’arborescence deviennent des titres, correctement balisés.
- L’export direct — via MultiMarkdown — en RTF, en HTML ou en LaTex. On peut aussi compiler son projet sous forme d’un fichier MultiMarkdown syntaxiquement parfait et complet.
- Il permet de collectionner toutes sortes de matériel de référence, sous formes de fichiers et de liens internet, à l’intérieur du projet, à la manière de DEVONthink.
- Il peut sauver, dans un endroit que l’utilisateur choisi, des archives successives de la totalité du projet.Je m’arrête là. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site même du produit. N’hésitez pas à essayer la version de démonstration, qui n’a aucune restriction pendant 1 mois. Surtout, croyez-moi sur parole: ce que je trouve le plus «bluffant», dans ce programme, c’est que son utilisation reste extrêmement légère; il est extrêmement rapide pour l’édition du texte. C’était un des points qui tenaient le plus à cœur à son développeur et il a parfaitement réussi son pari: malgré la richesse fonctionnelle, la rapidité est au rendez-vous. Toutes les fonctionnalités que vous n’utilisez pas restent invisibles. Jamais vous n’avez l’impression de manœuvrer un mastodonte, genre Word.
Retour au flux d’écriture
Après vous avoir présenté ces différents outils d’écriture, je vais en «remettre une couche» en faveur du Markdown / MultiMarkdown. Ce que je trouve extrêmement réjouissant, avec ce concept, c’est que vous n’avez pas besoin de décider dès le début de votre projet quel outil vous allez utiliser. En connaissant un minimum de la syntaxe Markdown — ce que vous apprenez en moins d’une heure —, vous pouvez écrire vos idées dans n’importe quel programme: une petite fiche par-ci, un petit paragraphe par là, ou simplement une phrase. Puis vous copiez/collez n’importe où. Si vous avez déjà essayé de le faire avec du RTF, vous voyez ce que je veux dire, si je vous annonce la fin de la frustration! Vous pouvez collez vos écrits dans n’importe quel bon programme, vous pouvez ouvrir n’importe lequel de vos textes avec n’importe quel programme. [4] Dernier argument: la durée de conservation. Depuis un quart de siècles que l’informatique grand public existe — ce qui n’est pas beaucoup à l’échelle de l’humanité —, c’est déjà arrivé plus d’une fois que des documents «archivés» ne soient plus lisibles parce que le programme qui a servi à les créer n’existe plus, ou bien parce que vous-même, vous ne l’avez plus. Qui se souvient de Claris Works — ou Apple Works, son successeur —, par exemple? Nombre d’étudiants ont fait leurs travaux de diplôme avec ces programmes et ne peuvent plus les lire, 10 ans plus tard. Et FrameMaker sur Mac? Et PageMaker? Avec le «texte pur» et la syntaxe Markdown, vous êtes assurés de pouvoir relire vos textes dans 20 ou 30 ans et au-delà!
le 18 août 2011
- Je vous dirige sur la page des logiciels dans le site MacUpdate. D’une part c’est plus rapide pour moi, d’autre part cela vous fait connaître ce site très utile, si vous ne le connaissez pas encore. Autre avantage: on a généralement plus vite téléchargé le logiciel en question via le bouton idoine de MacUpdate, plutôt que par les labyrinthes des sites des développeurs! ↩
- Gratuit, mais il faut supporter les pubs sur son téléphone ou son iPad. Pour quelques dollars on peut supprimer les pubs et gagner quelques options — je ne sais plus lesquelles, désolé. ↩
- Pages a lui aussi un «mode plan» (outliner). Mais lourd, lourd, lourd et pas pratique. Rien à voir avec OmniOutliner! ↩
- Le présent document est un exemple typique: il a passé par nvALT, ByWord et OmniOutliner, avant de finir dans Mars Edit pour être publié sur mon blog. ↩
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